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Conte de Noël 2007

Si les hommes voulaient...

…Antenne, direct !

Paysages sombres, déchirés de fumées. Villes mortes, usines calcinées, arbres brisés… La jeep des reporters zigzague entre les débris… Deux silhouettes au milieu de la rue.

Un petit garçon et une petite fille apparaissent sur l’écran. Sur fond de guerre, une ruine noircie laisse le souvenir d’un intérieur qui a du être beau avant l’incendie.

Malgré leurs larmes, les deux enfants regardent l’œil de la caméra, l’œil de millions de téléspectateurs…

« Pourquoi m’avez vous pris ma maman ? » En anglais impeccable.

Un silence et un léger tremblement montre que malgré leur métier les deux journalistes sont touchés…

Les enfants ne disent plus rien, le silence devient impressionnant, dans les maisons du monde chacun attend une suite qui ne vient pas…

Ce n’est pas une image fixe, les fumées continuent de ronger le paysage.

L’enfant s’approcha et doucement pris la caméra du journaliste : « Regardez ce que vous faites …» Tout autour des corps déchiquetés, des flammes brûlant des jouets d’enfants, fugitivement le journaliste ne put cacher son visage en pleur. l’enfant filmait le monde que les adultes lui offraient…

Dans le champ de la caméra apparu un homme en arme qui s’approche, il est vêtu de noir, lourdement armé, il regarde le journaliste, puis les enfants qui continuent de le filmer, il hésite, lève son arme, et soudain il craque, il pleure, il jette son arme, ses grenades, son casque, son couteau, tout ce qui rappelle la guerre, il est très jeune, il s’approche de la petite fille la prend dans ses bras et parle, parle, sans s’arrêter de pleurer...

La voix du journaliste traduit quelques mots : « Pardonnez … je croyais … faisait confiance … les ordres … pour un paradis, ai construit l’enfer … Allah ne veut pas ça… »

Loin de là dans les rédactions feutrées, tout d’un coup les téléphones se mirent à sonner de tous les cotés. Des auditeurs offraient spontanément de l’argent, des jouets, et d’autres hurlaient leur haine de la guerre !

Un caméraman de la rédaction pris une caméra et un micro et parcouru les couloirs et les studios de la télévision, les téléspectateurs virent en direct cet élan incroyable et spontané qui se mettait en route pour ces deux enfants. Des bribes de conversations apportaient leurs bonnes volontés pour que cela cesse.

Le directeur déboule dans le plus grand des studios et hurle ! « Virez les décors, apportez toutes les chaises et les caméras, faites suivre toutes les lignes de téléphone ici ! Contactez toutes les chaînes que vous pourrez et proposez leur les liaisons en direct ! »

L’image fut coupée en deux : Les deux enfants montrant leur monde mort et un prodigieux remue-ménage dans un studio grand comme une cathédrale, sans décors, où apparaissait comme par magie, tables, chaises, micros, écrans de toutes sortes en vrac qui s’allument et toutes sortes de gens affluent, des journalistes puis des voisins, des passants, et des taxis arrivent …

Une voix off raconte : « L’élan spontané atteint une ampleur jamais vue, les dons pour ses enfants affluent, les comptables à leurs ordinateurs n’arrivent plus à suivre » la caméra montre une longue table qui commence à se peupler d’ordinateurs et de personnel.

Une poignée de gamins force la porte et le monde des adultes ils jettent leurs économies sur une nappe de papier après avoir écrit « pa bo la guerre ».

Un homme entre inaperçu, il va jusqu’aux bureau des comptables, laisse un chèque et repart aussitôt. Personne n’aurait reconnu le plus grand patron de la ville si le montant du chèque n’avait fait sursauter la secrétaire.

Sur Internet, les messages contre la guerre inondent les boites des journalistes et tous disent qu’il ne faut plus jamais de guerre, construire un monde sans frontière, sans armées…

Sirène de police, limousine… « On nous annonce l’arrivée du sénateur ! ». Malgré la pagaille, un micro lui est tendu. « Je viens vous annoncer, la voix cassée, ma honte d’avoir voté cette guerre et vous propose ma démission… »

Un journaliste essaie d’organiser le flot ininterrompu des informations qui arrivent, il n’a même plus le temps de regarder la caméra :

« On signale une manifestation spontanée au capitole, de toutes les avenues des groupes convergent vers la maison blanche,… »

L’image montre un flot grossissant d’une foule qui hurle « no war » sans pancarte, sans ordre, la police essaie d’improviser d’urgence un cordon de sécurité.

« On annonce que ces images sont déjà retransmises dans 12 pays ! non 17 ! Dans chacun d’eux l’élan prend de l’ampleur, partout les foules réclament la fin de la guer.. non ! De toutes les guerres ! »

« Un télex vient de tomber : Les Farcs décident unilatéralement de relâcher tous leurs otages ! »

La silhouette d’une vieille dame inconnue de tous, va de table en table et avec un grand broc, sert discrètement du café à chacune des personnes présentes…

Le journaliste continue à lire des papiers qui arrivent et s’empilent sur son bureau plus vite qu’il ne peut les lire. Les techniciens décident de compléter cette lecture par des incrustations d’autres dépêches sans ordre d’importance.

« Le président de Côte d’Ivoire à pris contact avec l’opposition du Nord »

« On apprend à l’instant que la chaîne Al Jazeera relaye aussi la transmission de ces images »

« Le président des Etats Unis doit s’exprimer d’un instant à l’autre »

Une grève illimitée vient de se déclencher dans la plus grande usine d’armement, avec comme revendication « Fabriquons des outils, pas des fusils ! »

Wall Street annonce du jamais vu ! Une chute brutale et des cours de toutes les entreprises qui vivent de la guerre.

Un bruit sourd enfle et remplace progressivement le brouhaha de la foule qui se rassemble dans le studio, les yeux se tournent vers les écrans dans un silence écrasant où enfle un bruit sourd : un hélicoptère militaire arrive, il est filmé par les deux enfants.

Lentement il tourne et se pose, le journaliste reprend sa caméra et montre les deux enfants debouts, sans peur, face à la menace. Six militaires en sortent, soulagement ils sont sans armes, ils apportent des pelles, des couvertures, des balais, de la nourriture, et comme honteux de leur statut de militaire, sans un mot, ils se mettent à nettoyer les ruines, installent table et chaises et offrent aux enfants un repas dans une vaisselle de faïence sur une nappe blanche. Les enfants font signe à l’un d’eux et au premier soldat qui s’était désarmé de venir s’asseoir avec eux…

Un formidable soupir de soulagement explose dans le studio !

Mais l’image bascule d’un coup : Au bout de la rue un groupe d’une vingtaine d’hommes arrivent en armes. Les GIs s’immobilisent dans le nettoyage de la ruine on sent qu’ils regrettent de n’avoir pas pris de moyens de défense.

Dans les studios le silence est absolu, même les téléphones s’arrêtent de sonner, chaque téléspectateur dans le monde est en attente, figé devant l’écran.

Lentement prudemment, le détachement s’approche, rasant les restes de murs…

Arrivés à quelques mètres, ils s’arrêtent, indécis, la petite fille se lève prend son morceau de pain et résolument va vers eux et leur tend.

Incroyable tout le détachement recule de quelques pas …

Tout d’un coup, l’un d’eux pris son fusil et le jeta si loin de lui qu’il se cassa net en retombant sur l’épave d’un tank. Aussitôt tous se mirent à l’imiter et chacun se mis à l’œuvre pour aider les GI à remettre la maison en état. Un GI et un Islamiste soulèvent un énorme bloc, dessous une forme sanguinolente révèle la mère écrasée, elle reste très belle dans sa robe brodée, malgré… La caméra tremble mais ne cache rien.

Ils s’immobilisent et des larmes coulent sur leurs joues, les enfants ont vu, alors très nobles ils se lèvent tous les deux, s’approchent des deux anciens ennemis, prennent leurs grandes mains noires de suie, les réunissent et s’écroulent en pleurs dans leurs bras.

Dans le grand studio, l’émotion est totale, un murmure s’entend : plus jamais la guerre…

« Vous vous rendez compte du monde que nous offrons à nos enfants ! Je suis le premier responsable ! Et je demande pardon à Dieu et aux hommes, nous tous, chefs d’état, avons notre part de responsabilité. Plus jamais la guerre ! Je propose d’organiser dès ce soir les contacts tout azimut pour régler tous les problèmes de notre planète»

Mais qui parle ? C’est le président des Etats-Unis ! il n’a même pas attendu les caméras, il n’a qu’un micro et a obtenu l’antenne, déjà plus personne n’entendait ce qu’il disait car une formidable explosion de hourra faisait vibrer la foule, la ville, le pays, tous les pays…

« Al Jazeera demande l’antenne ! Al Jazeera demande l’antenne ! S’égosille une petite secrétaire, faite silence ! Silence ! » Sous titré en anglais le présentateur annonce une intervention spéciale et imprévue. Apparaît alors dans la surprise générale le visage de Ben Laden qui déclara aussitôt. « Je prends conscience aujourd’hui que mon souhait de construire un monde parfait ne faisait que le couvrir de ruine, ce n’est pas ce qu’ont voulu créer nos dieux, j’offre ma vie pour que cesse cette lutte, je suis physiquement présent dans le studio d’ Al Jazeera pour preuve de mon engagement, vous pouvez m’arrêter mais je propose une rencontre ici-même avec mes ennemis pour reconstruire un monde de paix. »

Les messages se succèdent en vrac

«A Haïti, les dirigeants sont partis visiter les bidons villes avec l’aide et les moyens de Bill Gates qui est en route vers eux pour aider à reconstruire les maisons et relancer l’agriculture »

« Face à une immense manifestation populaire à Moscou, réclamant la fin des excès d’armées et de police, Vladimir Poutine aurait ouvert son bureau aux opposants et commencé des pour-parlés. »

« Un fax : Le plus grand parrain de la mafia italienne s’engage à cesser toute activité frauduleuse, et offre ses finances pour construire écoles hopitaux et usines pour ceux qui en ont besoin. »

« Les cours de la bourse sont devenus fous, après la chute des valeurs militaires, toutes les autres valeurs suivent mais sans panique, simplement par manque d’acheteur, chacun voulant utiliser sa fortune à construire, aider, soulager l’une ou l’autre des misères humaines ! »

« Dépêche : Les laboratoires pharmaceutiques remplissent en ce moment des bateaux de médicaments à destination des pays sous-développés ! »

« Par émail : Des savants depuis un bateau en méditerranée, racontent que des dauphins sont subitement devenus très excités et leur font une fête inouïe comme s’ils ressentaient ce formidable élan de paix et de générosité. Les savants ont décidé de projeter l’émission TV à leur intention car ces dauphins semblent vraiment comprendre ce qui se passe ! »

« Par radio : Des ethnologues nous contactent du fond de la Guinée, car c’est un sorcier Papou qui a ressenti ce qui se passe sans aucun moyen de communication, c’est lui qui a insisté auprès d’eux qu’ils allument leur radio et leur faire découvrir ce formidable événement. »

« Vatican : Une prochaine réunion vient d’être décidée entre le pape, le Dallai Lama, des imams, des popes, des rabbins, et tous les principaux représentant de toutes les religions. Elle aura lieu à Stonehenge, considéré comme un lieu religieux universel. »

« Dans toutes les villes les populations offrent des logements aux sans logis, des repas aux démunis, des livres et des jouets à leurs enfants »

« La Cia déclare mettre tous ses moyens d’investigation pour proposer une synthèse de tout ce qui est positif dans toutes les constitutions et les lois de tous les pays pour aider à construire la première constitution du premier gouvernement mondial. »

Dans une ruine encore noircie, des hommes se réchauffent au feu de bois. Fatigués de souffrances, mais sereins, émerveillés d’espérances, deux enfants s’endorment dans les bras d’anciens guerriers ennemis qui leur chantent des berceuses dans toutes les langues du monde, tout au long de la nuit du premier Noël de paix de la terre…

Page écrite le 10 décembre 2007 - Mise à jour le

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